La crise rappelle tout ce que l'on a raté
LUCE JANIN-DEVILLARS - PSYCHOLOGUE ET PSYCHANALYSTE


« Mes patients évoquent leur pouvoir d'achat leur inquiétude face au chômage, pas la crise directement. Inconsciemment, beaucoup ont l'impression qu'en parler, c'est la faire exister, un peu à l'image des pensées magiques de l'enfance. La crise réveille tout ce qui, dans l'histoire de chacun, a été vécu comme un empêchement à se réaliser. Que ce soit sur le plan amoureux ou financier, elle rappelle tout ce que nous avons raté, ce que nous n'avons pas su transformer, dépasser, remettre en perspective. Perdre de l'argent ce n'est pas anodin, c'est perdre un morceau de soi, comme l'expliquait Freud en comparant l'argent à la matière fécale. Certains de mes patients me parlent du jour où l'argent ne vaudra plus rien, où les gens "s'entre-tueront pour les derniers stocks de nourriture".., La crise réveille des peurs archaïques. Elle ravive la crainte d'être perdu, sans ressources, un fantasme qui renvoie à l'enfance, quand, dépourvus de la capacité à nous débrouiller, nous étions totalement dépendants de nos parents nourriciers. »


Luce Janin-Devillars, auteurs notamment "Changer sa vie, il n'est jamais trop tard" (La Martiniêre, 2001).

La crise rappelle tout ce que l'on a raté